En France, depuis 1974, suite au premier choc pétrolier de 1973, a été mise en place la règlementation thermique, appelée plus communément norme RT, suivie de son année d’élaboration. Ainsi, à ce jour, et depuis 2013, la norme RT 2012 est en application. Cette norme a pour but de fixer une limite maximale à la consommation énergétique des bâtiments neufs pour le chauffage, la ventilation, la climatisation, la production d’eau chaude sanitaire et l’éclairage. Chaque nouvelle norme vient ajouter de nouvelles mesures afin de réduire la consommation d’énergie. Ainsi, si la RT 1974 visait une consommation énergétique de 225 kWh/m2/an, la RT 2012 imposait une consommation maximale de 50 kWhep/m2/an. La RT 2020, elle, impose des bâtiments à énergie positive, c’est à dire des bâtiments produisant plus d’énergie qu’ils n’en consomment, afin d’obtenir des bâtiments plus performants, et plus respectueux de l’environnement. Une petite révolution, qui a de nombreuses conséquences. Déjà en cours depuis 2018 dans les bâtiments publics, elle deviendra obligatoire pour tous les bâtiments dès le 1er janvier 2021.
RT 2020, pourquoi ?
En France, le secteur du résidentiel et du tertiaire (construction et « vie » du bâtiment inclus) représente 45% de la consommation énergétique. C’est le secteur consommant le plus d’énergie, devant les Transports et l’Industrie.
En termes d’émissions de gaz à effet de serre, le secteur du résidentiel se place en 3eme position, derrière celui des Transports et de l’Agriculture, avec 19% des émissions de gaz à effet de serre.
C’est pourquoi la réduction de cette consommation d’énergie est importante.
La RT 2012 prévoyait déjà le Bâtiment de Basse Consommation (BBC), avec une consommation maximale de 50 kWhep/m2/an, et le suivi des principaux postes énergivores: le chauffage, la ventilation, la climatisation, la production d’eau chaude sanitaire et l’éclairage. Au cours des années, deux labels sont venus s’y ajouter: HPE (Haute Performance Energétique), visant une consommation d’énergie primaire à 45 kWh / m²/ an, et le label THPE (Très Haute Performance Energétique) qui vise lui une consommation de 40 kWh / m² / an maximum.
La RT 2020 va plus loin, avec le « Bâtiment à Energie Positive » (BEPOS), c’est-à-dire une construction neuve qui produit plus d’énergie qu’elle n’en consomme.
RT 2020, comment ?
Pour pouvoir répondre aux contraintes de la RT 2020, on reprend le principe du bâtiment passif, en réduisant tout d’abord au maximum les consommations d’énergie avec:
- une isolation performante, utilisant des matériaux écologiques (chanvre, ouate de cellulose, roche volcanique, béton en pierre ponce, liège, brique de terre cuite, etc.)
- une ventilation efficace, permettant d’évacuer l’humidité tout en préservant une température agréable à l’intérieur du logement
- une conception bioclimatique optimale, en exploitant par exemple la chaleur du soleil au maximum (grandes baies vitrées au sud).
Il faudra toutefois ajouter des moyens de production d’énergie renouvelable, qui ne concernent pas que l’électricité, mais également la production d’eau chaude et d’air chaud:
- centrale photovoltaïque
- aérovoltaique (mixte de panneaux solaires photovoltaïque qui produisent de l’électricité et de panneaux solaires thermique pour chauffer l’habitation)
- éolien
- poêle à bois / granulés
- puits canadien
- ballon thermodynamique
- etc.
C’est là qu’entre en jeu d’ailleurs la domotique, en permettant d’automatiser l’utilisation de certains appareils quand la production d’énergie est à son maximum. C’est ce qu’on appelle une gestion intelligente de l’énergie. Cela nécessitera donc une modification des habitudes des ménages. En effet, aujourd’hui beaucoup de foyers profitent d’un abonnement à l’électricité différenciant les heures pleines (journée) et les heures creuses (nuit). Ces dernières étant moins couteuses, les appareils gourmands, tels que les machines à laver ou encore les chauffes eau sont programmés pour fonctionner la nuit. Avec la maison BEPOS, ces appareils ne fonctionneront plus la nuit, mais en journée, quand la production d’énergie sera la plus importante. Le système domotique, en monitorant en temps réel la production d’énergie, sera en mesure de mettre en fonctionnement les appareils énergivores au meilleur moment.
Mais les contraintes ne s’arrêtent pas là: en plus des restrictions imposées par la RT 2012, le BEPOS prendra également en compte les autres usages que sont les appareils ménagers et électro ménager (télévision, appareils ménagers, ordinateurs, etc.). Les normes de la RT 2020 sont très précises : consommation de chauffage n’excédant pas 12 kWh/m² par an, consommation totale d’énergie primaire (chauffage, eau chaude sanitaire, éclairage et appareils électriques) inférieure à 100 kWh/m² par an, ainsi qu’une production d’énergie renouvelable couvrant les besoins énergétiques du logement ou, mieux, les surpassant. Au final, la dépense énergétique devra donc être inférieure à 0 kWh/m² par an. Le surplus d’énergie produit, lui, pourra être renvoyé au réseau électrique public. Autant dire qu’un équipement tel que le WES (Serveur Web Energie Superviseur), présenté lors de l’un de nos Webinars, sera crucial pour répondre à ces besoins. Nous reviendrons d’ailleurs plus en détail sur sa mise en application dans un prochain guide.
La RE 2020 introduit également une innovation majeure : elle ne contrôle plus seulement la consommation énergétique des bâtiments neufs, mais aussi leur bilan carbone, en incluant l’analyse du cycle de vie des matériaux employés. Alors que la RT 2012 favorisait le gaz, la RT 2020 favorisera l’électricité afin de réduire les émissions de CO2 dues aux chaudière fioul ou gaz. La RT 2020 devrait d’ailleurs s’appeler en définitive la RE 2020, pour Règlementation Environnementale.
Ces diverses contraintes engendrent un surcout estimé à 10% par rapport à un logement « classique ». Mais ce surcout sera largement compensé par les économies de fonctionnement réalisées dans le bâtiment. De plus, en étant autonome, cela protège le foyer des augmentations du prix de l’électricité, des problèmes d’approvisionnement en énergie, tout en protégeant l’environnement, grâce à une énergie plus verte et plus propre que celle fournie par l’industrie nucléaire aujourd’hui.