Le Consumer Electronic Show, plus communément appelé CES, s’est tenu à Las Vegas il y a quelques jours. Nous étions sur place pour y découvrir les nouveautés et tendances dans notre secteur. Voici une petite synthèse de ce que nous en avons retenu…
Le Z-Wave, toujours très présent
Comme chaque année, la Z-Wave Alliance était bien sûr présente avec un très grand stand regroupant de nombreux fabricants: Aeotec, Homey, Alfred, BOne, Flex, Hogar, Inovelli, Intellithings, Jasco, Kaadas, MCO Home (qui a dévoilé de nombreux produits en rapport avec le chauffage), Philio, Schlage, Vera, Vision, Yale. Mais d’autres fabricants, tels que Fibaro ou encore Zipato étaient également présents à l’écart, sur leurs propres stands.
L’une des principales nouveautés sera sans aucun doute l’annonce de la nouvelle Home Center 3 de Fibaro, espérée depuis très longtemps, et qui deviendra la nouvelle plateforme de gestion domotique du groupe Nice, qui, pour rappel, avait racheté Fibaro en 2018. Plus puissante, plus rapide (processeur Quad-core 1.2GHz épaulé de 2Go de mémoire RAM), cette nouvelle box domotique sera bien évidemment compatible avec les protocoles Z-Wave Plus et Nice (433 et 868Mhz), mais également Wifi, Bluetooth, et ZigBee. L’interface a été totalement revue, pour faciliter son utilisation, qui pourra se faire complètement depuis l’application mobile. Détail important: elle a été développée en partenariat avec Kaspersky, l’un des leaders mondiaux de la sécurité, afin de protéger le système des activités de piratage, et ainsi sécuriser la maison connectée. Tous les échanges de données seront d’ailleurs totalement cryptés. Sortie prévue début du second trimestre, au tarif de 599€.
Autre nouveauté marquante: l’arrivée de produits utilisant la nouvelle puce Zwave série 700, deux ans après l’annonce de celle ci, qui nous promettait de meilleures performances radio (portée et vitesse), mais également une efficacité énergétique optimisée, permettant d’avoir des périphériques autonomes sur pile pour plusieurs années, voir l’utilisation de l’energy harvesting, à l’image du EnOcean. Aeotec avait déjà laissé entrevoir quelque produits à l’IFA de Berlin, qu’il a confirmé au CES: nouvelle (et première) box domotique utilisant la puce 700, mais également un Range Extender, un détecteur d’ouverture de porte, un détecteur d’inondation, un capteur de température / humidité, un dongle Usb, ou encore un contrôleur pour Raspberry Pi. MCO Home a lui aussi dévoilé de nouveaux périphériques utilisant la puce 700, comme des interrupteurs sans fil par exemple. Vera, rachetée par Ezlo, présentait également de nouvelles box domotiques basées sur cette nouvelle puce Z-Wave: la Ezlo Atom, la plus petite box domotique au monde, de la taille d’une clé Usb; Ezlo Plus, une box destinée à venir remplacer les VeraEdge et VeraPlus; et Ezlo PlugHub Energy, une prise capable de suivre la consommation énergétique de l’appareil qu’elle contrôle.
Enfin, n’oublions pas l’ouverture du protocole Zwave aux fabricants de chipset, destiné à accélérer son adoption sur le marché, même si à l’heure actuelle le Zwave propose déjà l’écosystème le plus riche et le plus mature, avec plus de 700 entreprises membres, 3200 produits certifiés, et plus de 100 millions d’appareils interopérables déployés.
Le ZigBee débarque en force
L’autre protocole vedette dans le domaine de la smarthome était sans conteste le ZigBee, dont la popularité au CES faisait echo à la récente annonce d’alliance entre Google, Amazon, Apple, et la ZigBee Alliance, afin de créer un protocole domotique universel. S’il y a encore 5 ans le ZigBee se résumait à quelques chipsets présentés au CES, aujourd’hui ce protocole est embrassé par de nombreux fabricants, et même les adeptes du Z-Wave ajoutent ce protocole à leurs solutions, comme Fibaro ou Ezlo. D’ailleurs, ce dernier proposait même des périphériques ZigBee: clavier de sécurité, un thermostat, un détecteur de mouvement, un détecteur d’ouverture de porte/fenêtre, un interrupteur mural, et une prise, qui seront ajoutés au catalogue Vera. D’autres solutions, elles, ont fait le choix dès le début du protocole ZigBee, comme la solution domotique de Leroy Merlin, Enky, par exemple. Propulsé par des géants comme Amazon, Philips, ou encore Ikea, le ZigBee semble avoir un bel avenir devant lui, et comptera dans les protocoles d’avenir, à n’en pas douter.
Les fabricants s’ouvrent de plus en plus
Lorsqu’on rencontre un irréductible breton, spécialiste de la domotique depuis un demi siècle, qui annonce fièrement vouloir s’ouvrir au monde, on ne peut que s’en féliciter ! Delta Dore restait l’un des derniers à rester totalement fermé sur sa solution, mais l’entreprise semble retrouver un nouveau souffle et de nouvelles ambitions pour l’avenir. Son désir d’ouverture à d’autres solutions est clair, et le fabricant devrait nous réserver de belles surprises pour les mois à venir. La tendance est là: les fabricants ont enfin compris qu’ils avaient tout à gagner en s’ouvrant et en collaborant avec d’autres fabricants. Somfy, avec son programme « So Open », l’a déjà mis en pratique il y a plusieurs mois, en devenant compatible avec de nombreux fabricants et protocoles.
La solution Bosch, un peu moins répandue en France, part sur le même principe, en incorporant peu à peu divers fabricants à son éco système, comme Philips Hue ou encore Nuki par exemple.
Legrand, via le rachat de Netatmo il y a 2 ans maintenant, propose lui aussi diverses solutions pouvant cohabiter avec d’autres solutions. La dernière en date, présentée au CES, intéressera tout particulièrement les installateurs, puisqu’il s’agit de modules rail din permettant de rendre un tableau électrique « smart »: les disjoncteurs peuvent être remplacés directement par ces modules, pour piloter éclairages, prises, volets, chauffe eau, etc. Respectant les standards en la matière, leur installation est identique à celle d’un tableau électrique traditionnel.
Interopérabilité. Une arlésienne qui va enfin devenir réalité !
L’intelligence artificielle, nouveau fer de lance
Enfin, autre tendance très à la mode sur ce CES 2020: l’intelligence artificielle. Présente dans les smartphones, l’électroménager, les voitures, etc. il est logique qu’elle débarque dans la maison connectée. Certes, nous n’en sommes pas encore au stade de l’intelligence artificielle SARAH issue de la série TV Euréka. D’ailleurs, pas sûr que les utilisateurs l’acceptent. L’intelligence artificielle présentée au CES est ici mise en place en vue d’améliorer le confort et les économies d’énergie, via des propositions, et uniquement des propositions. Viaroom, par exemple, en analysant l’utilisation de vos objets connectés sur plusieurs jours, peut déterminer vos habitudes et vous proposer la mise en place de scénarios automatiques. Libre à vous de les accepter pour les mettre en fonctionnement, ou les refuser. Si vous avez l’habitude de régler le chauffage à telle température à telle heure, d’ouvrir vos volets à telle heure, etc. Viaroom le détecte et vous propose de mettre en place des scénarios pour automatiser tout cela. Après tout, n’est ce pas le rôle de la domotique ? La réalisation de scénarios étant souvent la partie la plus compliquée pour l’utilisateur, l’utilisation d’intelligence artificielle permettra de grandement faciliter cela.
Bosch part également dans cette direction, en analysant les habitudes et en proposant la mise en place d’automatismes.
Même les systèmes plus spécifiques, comme par exemple Nanoleaf, intègrent de l’AI dans leur fonctionnement. Ainsi, en ajoutant de nouveaux périphériques (interrupteur, ampoule, bouton et pont de connexion), Nanoleaf, célèbre à la base pour son éclairage connecté, va ainsi optimiser l’automatisation de l’éclairage de la maison pour s’intégrer parfaitement à la vie des habitants, grâce à une combinaison de technologies intelligentes d’apprentissage, de détection de mouvements, de luminosité et de planification.
Entre les solutions domotiques et les assistants vocaux, nous n’en sommes qu’aux balbutiements de l’intelligence artificielle dans le domaine. Mais ce domaine se développera sans aucun doute à vitesse grand V dans les prochaines années.
Hormis quelques « loupés », comme ce buzz autour de la patate connectée, ce CES 2020 s’est avéré finalement moins brouillon et plus mature, notamment grâce à un choix plus sélectif des exposants. Nous avons d’ailleurs pu le vérifier avec la French Tech, dont le nombre d’exposants, qui frisait les 500 l’année dernière, est redescendu à 300: au final, moins de produits tape à l’oeil, mais des solutions plus abouties, répondant à de vrais besoins.
Rendez vous dans un an pour vérifier l’évolution de ces tendances !